Voiture électrique : bon plan… ou pas ?

Mis à jour le 12/06/2026
Bénéficiaire depuis 2008 de diverses aides fiscales et économiques, l’achat de véhicule propre change de règles tous les ans. Voire même moins. Alors la voiture électrique, toujours un bon plan ou pas ? L’Angiil fait le point…
En moins de 5 ans, le marché de l’automobile a connu une révolution. Ainsi, 17% des ventes de véhicules neufs (chiffre 2024) sont réalisées par des ventes de véhicules électriques, contre seulement 7% en 2020 (et à peine 3% en 2019). Mais après ce boum historique, les ventes stagnent…
VOITURE ELECTRIQUE : TOUJOURS UN BON PLAN…
Pourtant, depuis 2008, détenir un véhicule 100% électrique permet de bénéficier de multiples avantages. Ainsi, pour les déclarations fiscales 2025, vous avez bénéficié pour la déduction sur votre déclaration 2035 :
- pour les frais réels, d’un plafond d’amortissement de votre véhicule neuf à 30 000 €, supérieur à celui d’un véhicule traditionnel. La batterie, elle, peut être amortie à 100% si elle fait l’objet d’une facturation séparée ou d’une mention distincte
- pour la déduction forfaitaire, d’une majoration du barème kilométrique.
De surcroît :
- l’installation de borne de recharge dans votre logement (1 dans votre résidence principale et 1 dans votre résidence secondaire maximum) vous permet de bénéficier d’un crédit d’impôt égal à 75 % du montant des dépenses engagées dans la limite de 500 € par système de charge. Cette disposition s’applique que vous soyez locataire, propriétaire ou occupant à titre gratuit
- vous pouvez bénéficier d’aides locales à l’achat : cumulables dans certaines limites avec les aides de l’Etat, elles sont de montants et de modalités d’attribution très différentes les unes des autres. Le site officiel jechangemavoiture.gouv.fr les répertorie de façon exhaustive.
… MAIS qui se reduit d’annee en annee
Reste que ce dispositif d’aides faiblit d’année en année… Ainsi :
- la loi de Finances pour 2025 a supprimé l’exonération de la taxe régionale qui fait partie du coût de la carte grise. Depuis le 1er mai 2025, chaque Région décide. Résultat : hormis dans les Hauts-de-France, la taxe régionale est revenue partout, engendrant une très forte hausse du prix de la carte grise des voitures électriques
- la prime à la conversion a été totalement supprimée pour tous les types de véhicules (y compris vélo électrique) depuis le 15 février 2025.
Et le bonus écologique ? Lui aussi, il diminue. Il s’applique désormais uniquement :
- pour l’achat d’un véhicule neuf de moins de 2400 kg (hors 2, 3 roues et quadricycles, mais aussi hors vélo !)
- dont le prix est inférieur à 47 000 € (batterie incluse)
- qui n’émet aucune émission de CO2 (véhicule exclusivement électrique ou à hydrogène ou hybride électrique-hydrogène)
- que vous devez conserver pendant minimum 1 an
- et seulement 1 fois tous les 3 ans.
Surtout, son montant (de 2000 € à 4000 € maximum) dépend désormais de votre revenu fiscal de référence par part (RFR/p). Une possibilité de majoration de 1000 € existe cependant pour les résidents DROM.
… avec des mesures d’aide beaucoup moins ambitieuses
Reste cependant la prime Retrofit apparue au 1er janvier 2023. Rappelons que le Retrofit consiste à transformer un véhicule thermique en véhicule électrique ou en véhicule hybride rechargeable. Mais là aussi, l’aide diminue. Elle s’applique désormais uniquement :
- aux seuls véhicules thermiques d’au moins 5 ans (transformation en 100% électrique) ou d’au moins 19 ans (transformation en hybride)
- qu’il vous faudra conserver au minimum 1 an après la transformation.
Le montant de cette prime Retrofit dépend de votre revenu fiscal de référence. Il est, dans le meilleur des cas, limité à 5000 € pour une transformation 100% électrique et 3000 € pour une transformation en hybride. En réalité, seules les transformations de 2 et 3 roues disposent encore d’une aide pérenne de 1100 € non-soumise aux revenus. A noter : une transformation Retrofit coûte, elle, entre 15 000 et 45 000 € selon les véhicules… !
Le manque d’ambition dans les aides apportées par l’Etat se retrouve dans le nouveau leasing social attendu pour le 2é semestre 2025. Cette mesure, qui permettait d’accéder en 2024 à une voiture électrique pour un loyer de 100 €/mois sera, elle aussi, limité, avec :
- une enveloppe réduite (369 M€ contre 650 M€ en 2024)
- un mécanisme qui reposera sur un financement par certificats d’économie d’énergie (CEE) et non plus sur des aides directes de l’Etat
- une cible de bénéficiaires très réduite : les foyers modestes dotés d’un revenu fiscal de référence par part inférieur à 15400 €.
Enfin, n’oublions pas que l’expérimentation de prêt à taux zéro (PTZ) pour l’achat d’un véhicule électrique mise en place depuis 2023 n’a jamais démarré… puisqu’aucun établissement de crédit ou société de financement n’a signé la convention nécessaire avec l’Etat pour le proposer. Cette expérimentation s’achève… au 31 décembre 2025 !
voiture electrique : LES PRIMES D’ASSURANCE ont AUGMENTE…
L’achat d’une voiture 100% électrique n’est pas, non plus, aidé par un autre paramètre : l’augmentation du montant des primes d’assurance automobile.
En effet, si la hausse est généralisée depuis 2024, elle a plus particulièrement frappé les propriétaires de voitures 100% électriques avec une inflation de +20% en tous risques et de +19% au tiers (contre 9% en moyenne pour les véhicules thermiques). En cause :
- la fin au 31 décembre 2023 de l’exonération de la taxe spéciale sur les conventions d’assurance (TSCA) qui court depuis le 1er janvier 2021
- des coûts de réparation et de main d’oeuvre plus élevés en cas de sinistre (+14,3% par rapport au thermique)
- une augmentation naturelle du prix des assurances due aux risques particuliers de la conduite de ce type d’engin et à leur fabrication même. Une étude du réassureur Swiss Re a fait le bilan : le poids à vide plus élevé des véhicules entraîne des collisions entre véhicules plus graves ; le bruit moindre engendre de plus grands risques vis-à-vis des piétons et 2 roues ; le coût des expertises est plus cher (formation supplémentaire nécessaire)…
… et une nouvelle TAXATION sera mise en place !
Mais ce n’est pas tout… Car se pose également la question du prix final de l’électricité.
En effet, selon une étude de la Fédération Nationale des Associations d’Usagers des Transports, l’essor du véhicule électrique entraîne une érosion des ressources fiscales nationales. En moyenne, l’Etat, privé de taxes sur les carburants, perdrait ainsi pour chaque véhicule électrique entre 430 et 640 €/an de recette fiscale.
Comment les récupérer ? Deux scénarios se sont dessinés :
- l’augmentation de la taxation de l’électricité. Le coût total de détention d’une voiture électrique pourrait alors croître de 11 à 30% selon les solutions de répartition choisies…
- l’application de la « taxe sur la masse en ordre de marche » (TMOM ou malus masse) : jusqu’alors exemptés, les véhicules électriques seront soumis à ce malus au poids à partir de 2026 suite à l’adoption de la loi de Finances 2025. Cependant, un abattement de 600 kg sera appliqué pour tenir compte de la batterie : ce qui signifie que seuls les voitures pesant plus de 2100 kg seront concernées.
Enfin, en supplément de toutes ces questions continue de se poser la question de l’autonomie réelle des véhicules électriques. Le magazine Que Choisir a d’ailleurs jeté un pavé dans la mare en affirmant (étude à l’appui) que l’autonomie affichée et réelle des voitures électriques diffère de beaucoup. Jusqu’à 33% selon les véhicules… Certains modèles permettraient, ainsi, de rouler moins de 200 km… ce qui pour une infirmière libérale peut poser problème !
En conclusion, le choix d’acheter, ou non, une voiture électrique dépend de chaque professionnel. N’hésitez donc pas à vous rapprocher des experts de l’Angiil pour étudier votre situation.