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Actualités Etat de santé des soignants : études récurrentes, vrai problème… Et après ?

Etat de santé des soignants : études récurrentes, vrai problème… Et après ?

Aujourd’hui, 3 professionnels de santé se suicident tous les 2 jours. Pour autant, mis à part des études récurrentes qui montrent qu’un vrai problème d’état de santé des soignants se pose, rien (ou presque) ne bouge ! L’Angiil dénonce…

Le sujet n’est pas nouveau. Il fut ainsi abordé dès 1962 par l’ANFIIDE (Association Nationale Française des Infirmières et Infirmiers Diplômés d’Etat et Etudiants) au sein d’une étude intitulée « L’infirmière face aux conditions économiques et sociales de sa profession ». Car déjà, l’état de santé des soignants inquiétait…

ETAT DE SANTE DES SOIGNANTS : UN SUJET D’ETUDE RECURRENT…

Depuis cette date, les signaux d’alerte ne cessent de retentir. Parmi les travaux encore disponibles, on peut ainsi citer :

… QUI MONTRE UN VRAI PROBLEME…

A chaque fois, le même constat apparaît : le mal-être soignant est bien réel. Ainsi (selon le rapport remis au Ministère en octobre 2023) :

  • 64% des soignants se sentent fatigués
  • 79% déclarent rencontrer des problèmes de concentration
  • 77% estiment ne pas dormir suffisamment
  • 27% notent leur stress à 9 sur une échelle maximale de 10
  • 60% souffrent de douleurs chroniques (72% pour les 51-65 ans)
  • 55% déclarent avoir connu un ou des épisodes d’épuisement professionnel (61% chez les seuls infirmiers)
  • 22% jugent eux-mêmes leur état de santé « mauvais » ou « très mauvais ».

Bref, la situation est très largement préoccupante. Et les conséquences, graves : 49% des soignants admettent avoir une consommation régulière d’alcool ; 34% consomment régulièrement des médicaments (6% des anxiolytiques). Enfin, plus de la moitié des soignants ne conseilleraient pas d’exercer leur profession, même s’ils sont fiers de ce qu’ils font…

Fait aggravant : cette situation délétère impacte également de plus en plus fortement les étudiants en santé. L’enquête « Bien être » éditée chaque année par la Fnesi (Fédération Nationale des Etudiants en Soins infirmiers) montre ainsi qu’en 2022, 48% des étudiants sont confrontés à des crises d’angoisse (34% en 2017), et 16% ont même des idées suicidaires… Conséquence : le taux d’abandon des études en santé dès la 1re année ne cesse donc de grimper. Il s’élève à 10% pour les étudiants infirmiers, 6% pour les pédicures-podologues… Et ce, alors que la France se trouve en pénurie de soignants !

… ET APRES ?

« Aujourd’hui, notre plateforme d’appel reçoit entre 15 et 20 appels chaque jour » explique Catherine Cornibert, directrice de l’association Soins aux Professionnels de Santé. « 40% proviennent d’étudiants, puis viennent les infirmiers, aides-soignants et médecins. Mais toutes les professions sont touchées par ce mal-être » continue-t-elle.

Pour autant, rien (ou presque) ne change du côté des institutions. La « Stratégie nationale d’amélioration de la qualité de vie au travail » lancée en 2016 par Marisol Touraine, alors Ministre de la Santé, n’a pas changé grand chose. Tandis que le rapport ministériel sur la santé des professionnels de santé paru début octobre 2023 reste, pour l’heure, sans suite : la feuille de route des actions à mener attendrait toujours, à cette heure, d’être validée par la Direction Générale de l’Offre de Soins.

Pourtant, il y a vraiment urgence : pour les soignants, en premier lieu, mais aussi pour l’ensemble de la population française. Selon l’association SPS, 48% des professionnels de santé pensent, en effet, que leur souffrance psychologique pourrait impacter la qualité des soins au point de mettre en danger les patients…

Mayotte : « Arrivera-t-on à faire notre tournée jusqu’au bout ? Et à en revenir ? »

La situation des soignants libéraux à Mayotte empire de jour en jour. Saindou Allaoui, infirmier libéral et conseiller technique au sein du conseil d’administration de l’Angiil mentionne ainsi stress et fatigue permanent. « L’insécurité, ici, a encore empiré au point que l’on ne sait pas si on sera de retour chez soi sain et sauf quand on part en tournée. Il y a eu plusieurs agressions d’infirmiers libéraux : certains ont des cicatrices morales, d’autres physiques… Nos véhicules sont cassés, brûlés, notre matériel est volé… Et les assurances ne nous suivent même plus ! » explique-t-il. « Nous n’en pouvons plus : certains collègues métropolitains veulent partir, et on les comprend ! Mais nous ? De plus, ici, il n’y a pas d’EHPAD, pas de maison spécialisée, et un seul hôpital. Tous les patients chroniques sont donc à domicile et comptent sur nous… Alors, on tient, mais à quel prix ! Et jusqu’à quand ? ».

Rappelons qu’à Mayotte se conjuguent plusieurs phénomènes : grave sécheresse engendrant des problèmes d’approvisionnement en eau, pauvreté extrême, très forte pression migratoire et très forte insécurité. De plus, depuis janvier 2024, la population Mahoraise exprime son exaspération en mettant en place des barrages partout dans l’île rendant la circulation extrêmement difficile.

« On risque la guerre civile, ni plus ni moins » termine Saindou Allaoui. « Et nous, soignants libéraux, nous sommes au milieu. Mais vous savez, être écoutés et voir notre situation être décrite comme vous le faites là nous apporte un vrai soutien psychologique. On se sent moins seuls… et c’est déjà çà ! ! ».

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