Actualités | DÉDUCTIBILITÉ DES FRAIS DE REPAS : DES CONDITIONS ET DES LIMITES !

DÉDUCTIBILITÉ DES FRAIS DE REPAS : DES CONDITIONS ET DES LIMITES !

Une tournée qui se rallonge, çà arrive. Le cabinet infirmier éloigné du domicile, çà existe. Un séminaire ou une formation qui emmène loin de chez soi, c’est courant. Mais quand et comment déduire les frais de repas ? L’Angiil vous guide dans ce brouillard fiscal…

Le sandwich-maison mangé dans la voiture, c’est non. Par contre, le steak-frites du p’tit resto du coin, c’est oui. Si la tournée ou l’implantation du cabinet éloignent du domicile, il est possible de déduire les frais de repas de la pause déjeuner… mais seulement si trois conditions sont remplies. Le Bulletin Officiel des Finances Publiques fixe toutes les règles à connaître dans le domaine.

PREMIERE CONDITION : LA DISTANCE…

En premier lieu, la dépense engendrée par le repas doit résulter de «l’exercice normal de la profession et non de convenances personnelles ». Ceci implique, dixit l’administration fiscale, que « la distance » séparant le lieu d’activité (autrement dit le lieu de résidence des patients ou le cabinet infirmier) et le domicile de l’infirmière « fasse obstacle à ce que le repas soit pris à domicile ».

Mais sur quels critères repose cette appréciation de « la distance » ? Il n’en existe pas. Un « examen au cas par cas », sous le contrôle du Juge des impôts, pourra être fait en cas de doute. Y seront notamment examinées « l’étendue et la configuration de l’agglomération du domicile et du lieu de l’activité », mais aussi « l’implantation géographique » de la patientèle. En cas de contentieux, la bataille pourrait donc être longue puisqu’aucune définition précise n’est donnée de la notion d’« agglomération » : s’agit-il de celle du Code de la Route (panneaux d’entrée et de sortie de commune) ou de celle de l’Insee (unité urbaine pouvant regrouper plusieurs communes) ? Idem en ce qui concerne la définition de la « distance » : s’agit-il de kilomètres routiers (type Mappy ou Michelin) ou de kilomètres à vol d’oiseau comme l’Assurance Maladie l’utilise sur son site Ameli…

DEUXIEME CONDITION : LA JUSTIFICATION…

La deuxième condition imposée par le Code des Impôts pour la déductibilité des frais de repas est, elle, plus simple : il s’agit de prouver la dépense, autrement dit de pouvoir produire (dixit l’administration fiscale) « une pièce justificative permettant d’attester de la nature et du montant de la dépense ». Bref, une facture…  En effet, aucune déduction forfaitaire ne peut être appliquée.

Cette 2é condition est très importante car elle restreint le champ de déductibilité des frais de repas. Ainsi, tout repas préparé par le professionnel lui-même (type sandwich ou gamelle à réchauffer) est exclu… puisque rien ne prouve que les achats effectués au supermarché aient effectivement servi à un repas pris dans le cadre professionnel.

TROISIEME CONDITION : LA MODERATION…

Enfin, la dernière condition imposée par l’administration fiscale tient au montant de la dépense. Ainsi, considérant que, quoiqu’il arrive, le professionnel aurait quand même déjeuné, l’administration fiscale demande de soustraire systématiquement la valeur du repas qui aurait pu être pris à domicile, fixée forfaitairement à 5€ TTC pour les revenus 2022 (et 5,20€ TTC pour les revenus 2023). De même, la dépense de frais de repas ne devra pas, non plus « être anormalement élevée » : pour les revenus 2022, le prix du repas facturé ne doit pas excéder 19,40€ TTC (20,20€ TTC pour 2023). Tout dépassement sera considéré comme une dépense d’ordre personnel et ne sera donc pas admise en déduction.

Au final, les déductions accordées sur les frais de repas justifiés par la distance séparant le lieu d’activité et le domicile et faisant l’objet d’une facture seront donc limités par ces deux seuils. Le tableau ci-dessous vous donne des exemples concrets.

Déductibilité frais de repas : seuils applicables pour les revenus… … 2022 … 2023
Seuil inférieur (valeur forfaitaire du repas pris à domicile) 5€ TTC 5,20€ TTC
Seuil supérieur (montant au-delà duquel la dépense est considérée comme excessive) 19,40€ TTC 20,20€ TTC
Exemples et cas concrets
Types de restauration Prix TTC Déduction 2022 Déduction 2023 Explications calcul déductibilité
Sandwich fait maison 0 0 Pas de facture disponible – justification des achats impossible
Cheeseburger simple 3,50 € 0 0 Prix situé en dessous du seuil inférieur de déductibilité
Salade Caesar + soda 9,25€ 4,25 € 4,05 € 9,25 (prix du repas) – 5 ou (2023) (seuil inférieur de déductibilité 2022 ou 2023)
Formule plat + dessert 18,50 € 13,50 € 13,30 € 18,50 (prix du repas) – 5 ou 5,20 (seuil inférieur de déductibilité 2022 ou 2023)
Formule entrée + plat + dessert 21,50 € 14,40 € 15 € 19,40 ou 20,20 (seuil supérieur admis en 2022 ou 2023) – 5 ou 5,20 (seuil inférieur 2022 ou 2023)
Menu Terroir 31,50 € 14,40 € 15 € 19,40 ou 20,20 (seuil supérieur admis en 2022 ou 2023) – 5 ou 5,20 (seuil inférieur 2022 ou 2023)

CAS PARTICULIER : LES REPAS D’AFFAIRES…

A l’inverse des frais de repas, les frais de repas d’« affaires » correspondant à des déjeuners ou dîners pris dans le cadre de voyages professionnels (congrès, séminaires, formations présentielles, invitation d’un confrère ou d’une consœur) ont toujours le caractère de dépenses professionnelles. Dans ce cadre, leur déduction est admise dès lors que :

  • elles correspondent à des activités réalisées dans l’intérêt du cabinet
  • elles sont dûment justifiées par présentation de facture avec indication du nom du bénéficiaire

On notera que les frais du conjoint ne peuvent toutefois, en aucun cas, être admis en déduction.

Conseil compta

Pour celles et ceux qui font seuls leur comptabilité :

  • frais de repas : traitez ces dépenses au fur et à mesure en inscrivant pour chaque opération la part pro déductible dans le compte de charge 625100 « Frais de repas hors domicile» et la part perso non-déductible dans le compte 108000 « Prélèvements personnels ». Si vous le souhaitez, la part perso non-déductible peut être traitée en une seule comptabilisation en fin d’année : pensez à vous rapprocher des experts de l’Angiil !
  • repas d’affaires : inscrivez la totalité des dépenses dans le compte 625700 : « Frais de réception, de représentation et congrès »

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Flash-infos
81% des Idels insatisfaits de leur travail

Avec 64% des infirmiers et infirmières qui se déclarent très insatisfaits de leur travail (alors que seuls 3% des actifs actuels toutes professions confondues le déclarent également) la profession infirmière ne séduit plus. Le mécontentement est même encore plus important parmi les libéraux, puisque 81% des Idels sont actuellement insatisfaits de leur travail. Résultat : “si c’était à refaire”, 60% des infirmiers ne choisiraient pas ce métier (et même 63% chez les seuls libéraux). En effet, si la dimension relationnelle reste au cœur des motivations à exercer cette profession, le sentiment d’isolement, le stress, la fatigue et le manque de reconnaissance l’emportent désormais, accentué, chez les libéraux, par un sentiment d’abandon vis-à-vis du Ségur de la Santé. Enfin, les Ide restent aussi très critiques vis-à-vis de la politique de santé menée actuellement. Pour 66% d’entre eux, les solutions jugées prioritaires pour faire évoluer le système de santé reposent sur une augmentation des effectifs (95%), mais aussi de la rémunération (89%), tandis que 75% attendent un changement des méthodes de management, 72% une réduction de la charge administrative et 69% une augmentation des moyens matériels. Pour connaître les détails de cette étude Ifop/collectif Charlotte K/Infirmiers.com/SPS qui a réuni plus de 4183 réponses, cliquez ci-dessous !

Etude

Numérique en santé 2023-2027

La feuille de route du numérique en santé 2023-2027 a été dévoilée le 17 mai dernier. Elle s’organise en 4 axes, 18 priorités et 65 objectifs. Outre la création d’une version numérique pour les carnets de santé des enfants et la mise en œuvre d’actions de prévention personnalisée pour chaque patient via le service « Mon espace santé », il est également prévu que les professionnels de santé puissent accéder plus facilement à l’historique de santé de leurs patients, gagner du temps via les ordonnances numériques, communiquer de façon instantanée et sécurisée avec leurs confrères et consoeurs, bénéficier d’une formation au numérique en santé… Pour en savoir davantage, vous pouvez consulter la nouvelle feuille de route numérique en santé ci-dessous !

Feuille de route

IFSI : des abandons d’étude trois fois plus nombreux qu’en 2011 !

Depuis 2020, les quotas de places dans les IFSI augmentent régulièrement : selon le Ministre de la Santé, le nombre d’Ide en formation a, ainsi, augmenté de +20% entre 2020 et 2023. Toutefois, dans le même temps, le nombre d’abandon d’études ne cesse également de croître : selon une étude de la Drees (Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques), si le rythme d’abandons continue sur la même lancée, 21,9% des étudiantes infirmières intégrés en Ifsi en 2020 laisseront tomber leurs études alors qu’elles n’étaient que 10,5% pour la promotion intégrée en 2011. Ce phénomène toucherait particulièrement les hommes : pour la promotion 2018, 18,5% des hommes ont ainsi abandonné l’IFSI contre 12,5% des femmes. La profession infirmière demeure donc la plus touchée cette lassitude : en effet, le taux d’abandon en 1ère année s’élève à 10% en Ifsi, contre 6% pour les formations de pédicure-podologue, 2,2% pour les sages-femmes et 1,10% pour les kinés. Pour en savoir davantage, lire l’étude ci-dessous !

Etude

Loi Rist (accès aux soins) : des avancées finalement limitées…

Bénéficiant de la procédure accélérée, la proposition de loi Rist avait été déposée en janvier 2023. Elle prévoyait initialement un accès direct relativement large aux Infirmiers en Pratique Avancée, aux orthophonistes et aux kinés, mais aussi un élargissement des compétences infirmières avec la possibilité de prendre en charge la prévention et le traitement des plaies ainsi que la prescription d’examens complémentaires (cf. flash-infos consacré à « la Santé à l’Assemblée Nationale » du 18 janvier 2023). Mais la discussion parlementaire en a décidé autrement… Résultat : le texte définitif de la loi Rist réserve l’accès direct aux professions ci-dessus énoncées et l’élargissement des compétences infirmières dans le domaine des plaies qu’aux professionnels exerçant en établissement de santé ou maison/centre de santé, mais pas dans les CPTS (Communauté Professionnelle Territoriale de Santé). Lot de consolation : des expérimentations sur 5 ans dans 6 départements pourront être lancées… Pour accéder au texte de loi définitif, c’est ci-dessous…

Texte de loi

Kinés : la règle du professionnel le plus proche s’applique de nouveau !

Pour faciliter l’accès aux soins des patients, l’article 13 de la NGAP des masseurs-kinésithérapeutes avait été suspendu pendant la crise du Covid-19. Pour rappel, il prévoit que le remboursement accordé pour le déplacement d’un masseur-kinésithérapeute ne peut excéder celui du kiné le plus proche de la résidence du malade. Au vu de la situation sanitaire, cette mesure dérogatoire a été supprimée : depuis ce 5 mai 2023, la règle du professionnel le plus proche s’applique donc de nouveau.

Communiqué